Distancia, de Paul Géraldy
Castellano
Distancia
Turbóme como a un niño
tu cita telefónica.
Una hora antes dije
que nadie me entraría
al cuarto, donde todas
las luces extinguía
para esperarte a oscuras.
Zumbábanme las sienes.
Dudaba si en la sombra
cargada de promesas
fragantes de tu voz
quizás no sentiría
el soplo de tu aliento.
De pronto el llamamiento.
Yo creo que mi pulso
se detuvo un momento.
Hablaste. Yo te oía.
Las voces que dijiste
venían de otro mundo.
De un sólo único impulso
tu pobre voz debía
saltar colinas, llanos
ciudades, campos, selvas,
correr por las riberas
de ríos y a lo largo
de rutas y de sendas.
Por eso me llegaba
tu voz disminuida,
tan tenue y tan cambiada
que quien me conversaba
aquí en el aposento
ya no era tu persona,
más bien era una sombra,
fantasma de tu voz.
Díjeme antes, amada,
que yo te sentiría
en mí como inclinada
sobre mi boca ardiente
y que si no presente
al menos te hallaría
mil veces acercada.
Así no fue; al contrario,
se me hizo ese instante
más largo. La distancia
crecía inmensamente.
Y luego, de repente,
surgiste al fin de ese hilo
engañador, más lejos,
horriblemente lejos,
y me encontré delante
del aparato, triste,
más lúgubre e intranquilo,
más solitario que antes.
Poema original
Distance
Il m'a troublé comme un enfant
ton rendez-vous au téléphone.
J'avais dit, plus d'une heure avant,
qu'on ne laissât entrer personne
dans la chambre où j'avais éteint
pour t'attendre toutes les lampes.
Je sentais bourdonner mes tempes.
Et je n'étais pas bien certain,
seul au fond de cette ombre pleine,
de la promesse de ta voix,
que je n'allais pas contre moi
sentir le vent de ton haleine...
Lorsque ton brusque appel tinta,
je crois que mon sang s'arrêta
dans mes veines plusieurs secondes.
Puis tu parlas. Je t'entendis.
Mais tous les mots que tu me dis
semblaient venir du bout du monde.
Elle avait dû, ta pauvre voix,
parcourir d'une seule haleine
des collines, des champs, des plaines,
des villes, passer sous des bois,
longer des fleuves eet des routes...
Et c'était pour cela sans doute
qu'elle m'arrivait, cette voix,
si changée, si diminuée,
si ténue et si dénuée,
que ce n'était presque plus toi
qui parlais dans la chambre sombre,
mais quelque chose comme l'ombre
ou le fantôme de ta voix...
Je m'étais dit, ma chère absente,
que je te sentirais penché
evers ma bouche, et sinon présente,
du moins mille fois rapprochée...
Mais au contraire à ce moment
la distance semblait accrue
entre nous indéfiniment...
Et soudain tu m'es apparue,
au bout de ce fil décevant,
si déséspérement lointaine,
que je me suis trouvé, devant
ce téléphone, avec ma peine,
plus seul et plus perdu qu'avant.